Il y a 41 ans, la France perdait 58 de ses rapaces.
Nous sommes en 1983, au Liban.
En septembre 1982, dans un Liban déchiré par la guerre civile, l’ONU met en place une force de maintien de la paix dénommée Force multinationale de sécurité. Elle est chargée de protéger la population civile libanaise et d’aider le président et l’armée à restaurer leur autorité.
À Beyrouth, les bérets rouges savent qu’ils mettent les pieds dans une ville en proie au chaos. La force multinationale avait déjà été attaquée à plusieurs reprises. Ces attaques avaient coûté la vie à 18 soldats français, huit Marines américains et un soldat italien.
Les hommes du 1er RCP sont installés dans un bâtiment de huit étages, qu’ils ont baptisé « poste Drakkar ».
Le samedi 22 octobre 1983, l’alerte est donnée, et la possibilité d’une attaque du bâtiment Drakkar est prise en compte. Les « paras » dorment en tenue de combat, à portée de leur arme.
Le 23 octobre 1983, à environ 6h18, un kamikaze lance un camion piégé contre le quartier général de l’armée américaine, situé dans le secteur de l’aéroport de Beyrouth. L’attentat-suicide fait 241 morts, dont 220 Marines.
Vers 6h22, les paras de la 3e compagnie bondissent à leur poste de combat. L’immeuble Drakkar se met à trembler, puis il est soufflé par une explosion. Le bâtiment se soulève et retombe dans un effet domino. 250 kg d’explosifs viennent d’exploser.
Le Drakkar vient de s’effondrer sur 96 parachutistes : 58 Français viennent de périr, 55 parachutistes du 1er RCP et 3 parachutistes du 9e RCP, ainsi que l’épouse et les 5 enfants du gardien libanais de l’immeuble.
Pendant des semaines, les secours et soldats français fouillent les décombres du Drakkar à la recherche de survivants. Certains soldats français resteront plusieurs heures sous les décombres. Les blessés sont évacués vers l’hôpital américain de Beyrouth ou vers le porte-avions Clemenceau.
Le 2 novembre, les 58 cercueils sont rassemblés dans la cour des Invalides et portés par 80 parachutistes.
Mais 40 ans après la tragédie, pour les rescapés, de nombreuses questions restent en suspens, notamment sur la nature de l’explosion, et remettent en cause la version officielle du camion piégé.
Les rescapés et des témoins assurent n’avoir vu aucun véhicule pénétrer le bastion des paras français, pas plus qu’ils n’ont entendu des tirs avant l’explosion.
Pour eux, le bâtiment était miné.
L’un des rescapés, Robert Guillemette, dira :
« On ne veut plus entendre parler de la version du camion piégé projeté contre le Drakkar, on se bat contre cela avec l’association. Cette version est sortie hâtivement pour arranger le président Mitterrand et les politiques, parce qu’il fallait bien dire quelque chose à l’opinion publique et aux familles.
Mais elle n’est appuyée par aucun témoignage. Personne, ni moi, ni mes collègues, n’avons entendu le moindre coup de feu avant l’explosion, comme on m’a suggéré de le dire à l’époque, ni vu de camion. »
41 ans après, les doutes et les questions sont toujours là, et le souvenir aussi.
Hommage à nos 58 bérets rouges.
ARTICLE ECRIT PAR LE BLOGEUR « GOOD MORNING ARMY »
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